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L'Ondine de la Nied

Autour du cours d’eau s’organise la vie: les animaux s’y fixent, l’homme s’y installe. Depuis des millénaires, comme le prouvent les nombreuses découvertes archéologiques, l’homme a vécu de part et d’autres de la Nied ou sur ses gués, lieux de passage et d’échange. Au fil du temps la Nied est devenu la colonne vertébrale d’un pays. La rivière est nourricière, protectrice, gardienne de l’unité d’un pays, elle est guérisseuse, un peu sorcière et quelquefois dangereuse, puisqu’elle tue... la rivière a une âme. Cette âme prend la forme d’une femme, fée de l’eau, divinité préhistorique que nos ancêtres nous ont transmise et qui nous est parvenue sous la forme de légendes et de contes. Autrefois dans les « Maistuwen », rassemblés près de l’âtre, les gens écoutaient les légendes de l’Ondine de la Nied... L’ondine est l’âme de la rivière. Qui est-elle?

On la rencontre souvent le matin lorsque les oiseaux de la nuit se rassemblent avec ceux du jour pour prendre leur congé, lorsque la brume dévoile à peine les contours sinueux de la rivière.

Elle est très petite, pas plus grosse qu’une grenouille; assise sur un nénuphar elle coiffe ses blonds cheveux... Elle sillonne la rivière sur un bateau fait de coquilles d’oeufs ou d’herbe tiré par quatre canards. On la rencontre aussi quelquefois sur le dos d’un brochet. Elle inspecte la rivière car elle en est la reine. Lorsqu’elle quitte la Nied pour aller à la rencontre des habitants, elle prend alors la taille d’une très belle jeune-fille habillée de blanc et de bleu. Elle se mêle aux lavandières accroupies au bord de l’eau et chante des chants étranges que ces dernières répètent.

Elle a d’étranges pouvoirs. Elle connaît les herbes guérisseuses, à la sortie de l’hiver elle les cueille, remonte la rivière et trempe ses plantes dans les sources de la Nied. Celui qui boira l’eau le premier mai sera protégé contre les fièvres. Durant la pleine lune du printemps elle fait de même, qui boira l’eau de la Nied à la Saint Jean d’été ne sera pas malade durant l’année à venir.

Elle envoie des signes aux hommes: les coquilles d’oiseaux qui flottent sur la Nied sont de petits bateaux lâchés au gré des eaux par l’Ondine. Celui qui les voit aura beaucoup de bonheur durant la journée. Ce sont les « Gléckschéffcher », petits bateaux du bonheur.

Elle est secourable au juste. Ainsi à Eblange, un pauvre berger qui menait paître les vaches de son maître au bord de la Nied, perdit un jour sa meilleure laitière. Le soir alors qu’il s’apprêtait à rentrer désespéré, il la retrouva avec, accroché aux cornes par un fil d’or, un grand pain. La même scène se renouvela plusieurs fois jusqu’au jour où il réussit à suivre l’animal et à pénétrer dans le royaume de l’Ondine. L’Ondine « empruntait » la vache pour son lait et confectionnait le pain. En remerciement elle lui remplit les poches de charbons ardents qui se transformèrent en autant de pièces d’or et lui assurèrent sa fortune.

Lorsque la Nied déborde, l’Ondine sur son bateau, étend ses mains sur les prairies inondées... l’herbe poussera drue et grasse.

Elle peut être impitoyable pour les gens qui ne la respectent pas, qui se moquent d’elle ou qui s’en prennent aux animaux. Elle les attire dans le fond de l’eau par un chant mélodieux et ensorceleur.

L’Ondine est une fée puissante, bienfaitrice envers les hommes justes mais aussi redoutable pour ceux qui contrecarrent ses volontés. Elle a aussi ses défauts. Ainsi elle est très jalouse et supporte difficilement qu’une jeune-fille soit plus belle qu’elle. Quand en été une jeune-fille passait à gué la rivière, elle faisait tournoyer les herbes dans l’eau, cette dernière perdait alors l’équilibre et tombait dans la rivière. Petite vengeance féminine!

On raconte aussi qu’un pauvre pêcheur était tombé amoureux de la fille du puissant seigneur de Siersburg. La princesse répondait à son amour. Ne pouvant obtenir la main de sa bien-aimée, il appela l’Ondine à l’aide. Celle-ci se montra à lui dans toute sa beauté. Il fut ébloui, oublia sa promise et suivit l’Ondine au fond de l’eau dans son royaume qu’on dit de cristal et d’argent. La pauvre princesse arriva au bord de l’eau mais trop tard. Elle pleura. Et chaque larme se transforma en la plus belle des fleurs que la Nied ait jamais portée: le nénuphar. Les fleurs de nénuphars sont les larmes de la fille du seigneur de Siersburg... chrysanthèmes pour les morts noyés.

Voila ce qu’autrefois on racontait au bord de l’âtre. Légendes, contes qui nous viennent du fond des âges. Elucubrations romanesques, rêveries, histoires pour endormir les enfants? Bien plus que cela. Les légendes sont les racines mythiques d’un peuple ou d’une population. Elles plongent loin dans notre inconscient, dans les mentalités et dans l’histoire du Pays de Nied. L’Ondine est la personnification de la rivière qui elle même est le principe et la source de vie. Toutes proportions gardées, la Nied a joué pour nos populations primitives le rôle qu’a joué le Nil pour les anciens Egyptiens. Dans les légendes qui mettent en scène l’Ondine, apparaissent des bribes des anciennes croyances.

L’ondine est la mère nourricière. La Nied déborde, féconde et engraisse le sol. C’est l’ondine qui sur son bateau dirige  et « bénit » les flots. C’est donc elle qui décide des récoltes futures. C’est elle aussi qui au fond de son antre fabrique le pain qu’elle offre généreusement au pauvre berger d’Eblange.

L’ondine est la gardienne des traditions et de la vie. Elle rencontre les jeunes-filles au bord de l’eau et leur apprend des chants étranges. Elle est la mère qui transmet les connaissances. Elle protège les animaux contre les agressions et punit sévèrement ceux qui s’écartent des lois de la vie. Garante de son intégrité, elle protège la nature.

Elle a des pouvoirs magiques qu’elle met au service des hommes. Deux fois par an l’eau de la Nied a des pouvoirs de guérison : le premier mai et le jour du solstice d’été. Nous retrouvons là deux dates importantes dans les mythologies anciennes: l’ondine est associée à la fête du feu et du soleil et à la fête du printemps et du renouveau de la vie, la fête du samain chez les Celtes encore bien vivante dans nos régions sous la forme dérisoire de la « nuit des sorcières ». Elle a le pouvoir de se transformer, lorsqu’elle quitte son élément liquide, elle apparaît aux humains sous la forme d’une merveilleuse jeune-fille toute habillée de bleu et de blanc: image idéalisée de la déesse et de la vierge.

Elle est enfin femme avec toute sa sensualité. Elle est jalouse de la beauté des jeunes-filles qu’elle fait tomber dans l’eau. Elle se montre dans tous ses atouts pour attirer à elle le pêcheur amoureux de la princesse de Siersburg. Elle est enjôleuse comme la Lorelei du Rhin et nul humain ne saurait lui résister. Elle est le désir de l’éternité. Son royaume est fait de Cristal et de verre et ceux qu’elle attire dans son sein retrouvent le paradis perdu. Le sein maternel. Etrange réminiscence encore avec les cultes celtiques et la psychanalyse moderne...

Ces légendes et contes que l’on raconte toujours dans le Pays de Nied renvoient à des cultes anciens où l’élément féminin prédominait. La rivière comme la femme donne la vie, protège les hommes, guérit les souffrances. Elle est contradictoirement symbole de pureté et de virginité mais aussi de sensualité et d’érotisme. De joie et de souffrance. La Nied comme presque toutes les rivières forme la colonne vertébrale d’un pays: autour de la rivière est née une organisation sociale. Quoi de plus normal que cette organisation humaine primitive voue un culte à la rivière, liquide féminin nourricier et primordial.  Mais ce qui est étrange, c’est que, quelques milliers d’années plus tard après le passage de bien des civilisations et des religions, on raconte encore l’histoire d’une ondine, pas plus grosse qu’une grenouille. On la raconte et on l’écoute toujours...

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