C'est quoi ?
Le francique est une langue germanique parlée dans l’est de la France, en Allemagne et au Luxembourg. On l’appelle aussi «Platt» ou «Lothringer Deitsch». Il n’est ni un patois hérité de l’occupation allemande, ni un dérivé de l’allemand standard, il n’est pas non plus de l’alsacien (même s’il est parlé dans une petite partie de l’Alsace).
En France, on parle le francique principalement en Moselle. Mais pas dans toute la Moselle ! Il existe une frontière linguistique qui sépare deux mondes linguistiques très différents : à l’est, les langues germaniques, et à l’ouest les langues romanes. Celle-ci est restée quasiment intacte depuis des siècles en dépit de l’instabilité des frontières politiques qui quant à elles, n’ont cessé de varier.
Il existe deux théories sur l’origine de cette frontière, la première la fait remonter au Vème siècle, où des tribus germaniques de Francs se seraient installées en Moselle en y apportant leur langue (d’où l’appellation «francique»). La théorie la plus récente la fait remonter au minimum au VIème siècle avant Jésus-Christ. Peu importe : ce qui est sûr, c’est que le francique est très ancien, Clovis et Charlemagne le parlaient déjà, bien qu’il ait un peu évolué depuis. Il est donc bien antérieur à nos langues nationales comme le français ou l’allemand standard («Hochdeutsch»).
Ces langues nationales ont été codifiées plus tardivement. Il y a encore quelques siècles, l’Europe était une sorte de mosaïque linguistique avec de nombreux dialectes d’une très grande diversité (le français était l’un d’eux avant de devenir langue nationale). Le francique a conservé cette diversité, il existe un continuum de petites variations d’un village à l’autre qui permettent de distinguer trois principales variantes (qui restent intercompréhensibles) : le francique rhénan, le francique mosellan et le francique luxembourgeois.
Le francique ne s’arrête pas aux frontières politiques, il était déjà parlé bien avant qu’elles soient dans leur forme actuelle ! Il constitue donc une langue transfrontalière et un lien culturel intense à l’heure où l’Europe tente de fédérer les peuples. Actuellement, il permet à de nombreux travailleurs frontaliers français de travailler en Allemagne ou au Luxembourg (où il est langue officielle, de plus en plus pré-requis pour prétendre à un poste...)
Au-delà de ces aspects pratiques, c’est une langue qui a été forgée par ses locuteurs, elle contient leur identité. Elle est un héritage de nos ancêtres qui véhicule bien plus que des mots, elle nous transmet des milliers de traditions, poèmes, chants, contes et légendes à travers les siècles.
Ce n’est pas de la nostalgie du passé que de vouloir préserver le francique. Car en plus de nous transmettre de profondes racines, il fait de nous des bilingues naturels et facilite ainsi notre apprentissage de langues comme l’allemand ou l’anglais. Il met ainsi ses locuteurs à la croisée de deux cultures majeures : la culture germanique et la culture romane... Une richesse inestimable.
Kalenner
Freidach, 06 Dezember 2024
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