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Prix Claude Vigée à Armand Bemer


Armand Bemer que nos lecteurs de Paraple connaissent qui est aussi un membre de « Gau un Griis » ainsi que de « Wéi Laang Nach ? » a obtenu  le Prix Claude Vigée, du nom du Poète alsacien  pour son recueil de poésies bilingue autoédité, avec des textes écrits en français et en francique luxembourgeois, « Les Vieilles Pierres sont vivantes, Al Steng si lieweg ». Gérard Carau avait déjà présenté le livre dans le dernier Paraple, le numéro  43. Voici ce que dit Gabriel Schoette, secrétaire de la SEALB (Société des Ecrivains d'Alsace, Lorraine et Territoire de Belfort) qui lui a remis le prix :

 « Les pierres qu’Armand Bemer interroge ont une âme : celle des chemins, celle des montagnes, celle des patronymes même ou d’un simple poste de douane, l’âme du jardin et celle du ciel. Le poète rend justice, aussi, aux pierres qui permettent qu’on n’oublie jamais ceux que la Shoah a voulu éliminer, ce sont  les pierres d’achoppement, les désormais fameuses Stolpersteine que le poète chante de manière bouleversante dans ce recueil.Tous les poèmes du recueil, écrits en francique, ont été traduits en français, et les photos qui accompagnent les textes sont à elles seules des poèmes en images… »

Gau un Griis félicite Armand Bemer et rappelle qu’on peut obtenir son livre auprès de l’association

Qui était Claude Vigée ? voici une Biographie rédigée le 25 octobre 2023 par Armand Bemer lui-même

A PROPOS DE CLAUDE VIGEE

L’écrivain et poète Claude Vigée est né le 3 janvier 1921 à Bischwiller, près de Haguenau, dans le Bas-Rhin. Il est mort le 2 octobre 2020 à Paris, à l’âge de 99 ans. Après une vie consacrée à la littérature et à la poésie, de New York à Paris en passant par Jérusalem, il revient dans son village natal pour y être enterré dans le cimetière israélite, aux côtés de son épouse Evy. Homme de douceur, de verbe et de conviction, il est l’une des grandes voix – mais pas la plus tonitruante – de la poésie française, mais aussi alsacienne et juive. Une voix de conscience, de lyrisme exigeant et de pensée ouverte, au-delà de soi-même, sur l’histoire et la destinée du peuple auquel il appartenait.

Issu d’une famille juive établie en Alsace depuis trois siècles, de son vrai nom Claude André Strauss, Claude Vigée parle dans son enfance le dialecte alsacien, bas-alémanique, avant d’accéder à la langue française à l’école primaire. Il prend très vite le pseudonyme de Vigée, signifiant « vie j’ai », comme pour magnifier sa condition humaine et la célébrer au travers d’une œuvre commencée très jeune par le biais de la poésie.

Réfugié à Toulouse pendant la seconde guerre mondiale pour échapper aux persécutions antisémites, il anime un groupe de résistance à l’occupant nazi et se fait remarquer par Pierre Seghers qui publie ses premiers poèmes dans la revue Poésie 1942. Plus tard, en 1978,  Seghers le consacrera dans sa superbe collection « Poètes d’aujourd’hui ». Dès 1940, il compose des œuvres empreintes d'une grande spiritualité et d'une grande générosité.

Il s'exile aux Etats-Unis en 1943, y obtient un doctorat de langue et littérature romane de l'université de l'Ohio à Colombus. Se marie en 1947 avec Evelyne Meyer, puis enseigne la littérature française près de Boston jusqu'en 1959. S'installe en Israël en 1960, enseigne la littérature française et comparée à l'université hébraïque de Jérusalem jusqu'à sa retraite en 1983. Revient en France en 2001.

Auteur de poésie et d'essais, il écrit en français, en alsacien et en judéo-alsacien. Obtient le Grand Prix de poésie de l'Académie française (1996), le Goncourt de la poésie (2008) et le Grand Prix national de la poésie (2013).

Auteur, essayiste et traducteur, il a produit des traductions de Rainer Maria Rilke, T.S. Eliot et Yvan Goll. Précisons que ce dernier est un grand poète lorrain mal connu, originaire de Saint Dié, avec des attaches à Metz annexée par les Allemands. En 1914, à la déclaration de guerre, il refusa de choisir entre la France et l'Allemagne, et se déclara pacifiste en se réfugiant en Suisse, dans la communauté de Monte Verità.

Claude Vigée a publié une quantité considérable d'œuvres. Nous renvoyons nos lecteurs intéressés vers des sites de recherche sur Internet mais nous citerons deux d’entre elles, pour leur ancrage dans sa culture d’origine et son attachement à sa langue maternelle : Un Panier de Houblon, et Les Orties noires / Schwarzi Sengessle – Un Requiem alsacien.

Vigée s'est toujours soucié de la paix entre les cultures et, dans cette perspective, il a publié un poème sur la guerre du Liban, intitulé La Voix des jeunes soldats morts, dans une anthologie de poètes pacifistes juifs et arabes. En 2006, il a prononcé une conférence de Carême à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Sa voix nous serait plus que nécessaire en ces temps troublés où une guerre fratricide met à feu et à sang une terre d'Orient.

  Les vieilles pierres sont encore vivantes, les vieilles langues comme le francique le sont aussi. Merci à Armand Bemer de le rappeler.


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